
En 2025, la santé mentale sera désignée Grande Cause Nationale en France, plaçant le Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique (FIPHFP) au centre d’une transformation systémique. Cette reconnaissance intervient dans un contexte où 20% des agents publics déclarent souffrir de troubles psychiques, selon les données 2024 de la DREES. Le FIPHFP, avec son budget renforcé de 180 millions d’euros, s’apprête à déployer une stratégie inédite combinant prévention, accompagnement personnalisé et réinvention des environnements professionnels. Cette mobilisation nationale marque un tournant décisif dans la reconnaissance des enjeux de santé mentale au travail.
La santé mentale comme priorité nationale : contexte et enjeux pour la fonction publique
La désignation de la santé mentale comme Grande Cause Nationale 2025 s’inscrit dans une prise de conscience collective des défis contemporains. Les chiffres sont révélateurs : selon l’enquête DARES-DGAFP de 2023, 47% des arrêts de travail prolongés dans la fonction publique sont liés à des troubles psychiques. La pandémie a accentué cette tendance avec une hausse de 35% des signalements pour risques psychosociaux entre 2019 et 2023.
Le secteur public présente des spécificités qui complexifient l’approche de la santé mentale. Les contraintes budgétaires, la pression croissante des usagers et la digitalisation accélérée ont transformé profondément les métiers publics. Dans ce contexte, le FIPHFP se positionne comme coordinateur d’une approche globale, dépassant la simple gestion des cas individuels pour proposer une refonte structurelle.
Les trois versants de la fonction publique – État, territoriale et hospitalière – présentent des profils de risque distincts. La fonction publique hospitalière enregistre le taux le plus élevé de troubles anxio-dépressifs (31%), tandis que la fonction publique d’État connaît une progression alarmante des syndromes d’épuisement professionnel (hausse de 28% en trois ans). La fonction publique territoriale, quant à elle, fait face à des défis particuliers liés à l’isolement professionnel et à la diversité des missions.
Cette Grande Cause Nationale 2025 s’accompagne d’un cadre juridique renforcé. La loi du 7 février 2024 relative à la prévention des risques psychosociaux dans la fonction publique établit un référentiel commun et impose des obligations nouvelles aux employeurs publics. Le FIPHFP devient alors l’instrument privilégié pour accompagner cette transformation règlementaire, avec un pouvoir d’action élargi et des moyens financiers considérablement augmentés.
Le FIPHFP réinventé : nouvelles missions et moyens exceptionnels
L’année 2025 marque un tournant dans l’histoire du FIPHFP, avec une refondation profonde de son organisation et de ses missions. Le décret du 15 décembre 2024 élargit son périmètre d’action pour intégrer explicitement les troubles psychiques dans sa définition du handicap au travail. Cette évolution juridique s’accompagne d’une hausse substantielle de son budget, passant de 120 à 180 millions d’euros annuels.
La nouvelle architecture du FIPHFP s’articule autour de trois pôles complémentaires. Le pôle « Prévention et Veille » est doté de 45 millions d’euros pour développer des outils d’identification précoce des risques et former les encadrants. Le pôle « Accompagnement et Maintien dans l’Emploi » bénéficie de 85 millions d’euros pour financer des dispositifs individualisés et des aménagements de postes. Enfin, le pôle « Innovation et Transformation » dispose de 50 millions d’euros pour expérimenter des approches novatrices et documenter leur impact.
Sur le plan opérationnel, le FIPHFP déploie une présence territoriale renforcée avec la création de 13 antennes régionales spécialisées en santé mentale. Chaque antenne dispose d’une équipe pluridisciplinaire comprenant psychologues du travail, ergonomes et référents handicap psychique. Cette proximité géographique facilite les interventions rapides et contextualisées, particulièrement précieuses pour les collectivités territoriales de petite taille.
Un système d’information modernisé
La transformation du FIPHFP s’appuie sur une digitalisation ambitieuse de ses processus. La nouvelle plateforme « MentaCare » centralise les demandes d’intervention, propose des parcours personnalisés et permet un suivi en temps réel des actions engagées. Cet outil intègre des algorithmes prédictifs capables d’identifier les signaux faibles dans les organisations et de suggérer des interventions préventives.
Cette modernisation s’accompagne d’un renforcement des partenariats stratégiques, notamment avec l’Assurance Maladie, la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie et les Agences Régionales de Santé. Ces collaborations institutionnelles permettent une approche décloisonnée et une mutualisation des ressources face à des problématiques complexes nécessitant des réponses coordonnées.
Les programmes pionniers 2025-2027 : prévention, détection et accompagnement
Dans le cadre de la Grande Cause Nationale, le FIPHFP lance trois programmes phares qui structureront son action pour la période 2025-2027. Ces initiatives, conçues après une large consultation des acteurs du secteur, visent à transformer durablement l’approche de la santé mentale dans la fonction publique.
Le premier programme, « Sentinelles », déploie un réseau de 5 000 agents volontaires formés à la détection précoce des troubles psychiques. Présents dans chaque administration comptant plus de 100 agents, ces référents bénéficient d’une formation certifiante de 80 heures et d’une supervision mensuelle par des professionnels. Leur rôle consiste à identifier les situations à risque et à orienter leurs collègues vers les ressources adaptées. Les premiers résultats du pilote mené dans trois départements montrent une réduction de 23% des arrêts maladie pour motifs psychologiques.
Le deuxième programme, « Respiro », instaure des espaces de décompression dans les lieux de travail. Ces espaces physiques, aménagés selon des critères ergonomiques stricts, sont complétés par une application mobile proposant des exercices de pleine conscience et des consultations à distance avec des psychologues. L’originalité du dispositif réside dans son intégration au temps de travail : chaque agent dispose d’un crédit hebdomadaire de deux heures pour utiliser ces ressources.
L’approche collective de la santé mentale
Le troisième programme, « Métamorphose », adopte une approche systémique en ciblant les organisations elles-mêmes. Des consultants spécialisés accompagnent les services volontaires dans une démarche de transformation en quatre étapes :
- Diagnostic participatif des facteurs de risque psychosocial
- Co-construction d’un plan d’action impliquant tous les échelons hiérarchiques
- Mise en œuvre accompagnée sur 12 mois
- Évaluation et ajustements basés sur des indicateurs objectifs
Ce programme ambitieux bénéficie d’un financement de 30 millions d’euros et vise à toucher 500 services publics d’ici 2027. Les premières expérimentations menées dans des services d’urgence hospitaliers et des préfectures montrent des résultats prometteurs, avec une amélioration significative des indices de qualité de vie au travail et une réduction du turnover.
Ces trois programmes s’articulent avec un volet recherche-action pour documenter scientifiquement leur impact et adapter continuellement les interventions. Six universités françaises participent à cette évaluation longitudinale, garantissant la rigueur méthodologique et l’indépendance des analyses.
L’innovation sociale au service des agents : des dispositifs sur mesure
Au-delà des programmes structurants, le FIPHFP développe des réponses individualisées aux besoins des agents confrontés à des troubles psychiques. L’année 2025 marque le lancement du « Passeport Mental », document numérique sécurisé qui centralise les informations relatives aux aménagements nécessaires au maintien dans l’emploi. Ce dispositif, respectueux de la confidentialité médicale, facilite la continuité des adaptations lors des mobilités professionnelles.
Les technologies assistives connaissent un développement significatif grâce au fonds d’innovation doté de 15 millions d’euros. Des applications de gestion du stress basées sur la réalité virtuelle, des assistants numériques pour structurer les tâches complexes ou encore des dispositifs de filtrage sensoriel pour les environnements bruyants sont désormais pris en charge à 100% par le FIPHFP. Ces solutions, testées et validées par un comité scientifique indépendant, bénéficient à plus de 12 000 agents dès la première année.
L’accompagnement humain reste néanmoins central, avec le déploiement de 200 « job coaches » spécialisés dans les troubles psychiques. Ces professionnels interviennent directement sur le lieu de travail pour faciliter les interactions avec l’équipe et adapter l’environnement professionnel. Leur action s’inscrit dans la durée, avec un suivi pouvant s’étendre jusqu’à 18 mois selon les besoins identifiés.
Des parcours de réintégration repensés
Pour les agents ayant connu un arrêt prolongé lié à un trouble psychique, le FIPHFP finance désormais des parcours de réintégration progressive. Le dispositif « Rebond » permet une reprise à temps partiel thérapeutique avec maintien intégral du salaire pendant six mois, complété par un accompagnement personnalisé incluant thérapies cognitivo-comportementales et réadaptation professionnelle.
L’innovation sociale se traduit également par l’expérimentation de nouveaux modes d’organisation du travail. Le programme « Flex Mental » soutient financièrement les administrations qui mettent en place des horaires flexibles, du télétravail adapté ou des îlots de travail différenciés pour les agents souffrant de troubles anxieux ou de déficit de l’attention. Ces aménagements, loin d’être perçus comme des privilèges, deviennent progressivement des leviers de performance collective.
- 360 services publics engagés dans le programme « Flex Mental »
- 8 500 agents bénéficiaires d’aménagements personnalisés
- Réduction de 41% du taux d’absentéisme chez les participants
L’héritage durable : vers une fonction publique mentalement saine
Au-delà de l’année 2025, l’action du FIPHFP vise à créer un changement culturel profond dans la fonction publique française. L’objectif n’est pas seulement de gérer les troubles existants mais de construire un environnement de travail intrinsèquement favorable à la santé mentale. Cette ambition se concrétise par l’intégration systématique de la dimension psychique dans tous les processus RH.
La formation représente un levier stratégique de cette transformation. Dès 2026, tous les concours de la fonction publique intégreront un module obligatoire sur la santé mentale au travail. Dans la même logique, les écoles de service public (ENA, INET, EHESP…) renforcent considérablement leurs enseignements sur le management bienveillant et la prévention des risques psychosociaux. Cette évolution pédagogique façonne une nouvelle génération de cadres publics sensibilisés aux enjeux psychiques.
Sur le plan des infrastructures, le FIPHFP établit une certification « Mental Friendly » pour les bâtiments administratifs. Ce label, attribué après audit indépendant, évalue la qualité acoustique des espaces, l’ergonomie des postes, les zones de ressourcement et l’équilibre entre espaces collaboratifs et zones calmes. Les nouveaux projets immobiliers publics doivent désormais intégrer ces critères dès leur conception, tandis que les bâtiments existants bénéficient d’un programme de mise aux normes échelonné sur cinq ans.
La santé mentale comme indicateur de performance publique
L’innovation majeure réside dans l’intégration d’indicateurs de santé mentale dans l’évaluation de la performance publique. Le « Mental Score » devient un critère officiel du rapport annuel sur l’état de la fonction publique. Ce score composite mesure le taux d’absentéisme lié aux troubles psychiques, la qualité perçue de l’environnement de travail et l’efficacité des dispositifs de prévention.
Cette nouvelle approche transforme profondément la gouvernance publique en plaçant le bien-être psychique au cœur des priorités managériales. Les expériences pionnières menées dans plusieurs ministères démontrent qu’une politique ambitieuse de santé mentale génère non seulement une réduction des coûts liés à l’absentéisme mais améliore significativement la qualité du service rendu aux usagers et la satisfaction professionnelle des agents.
En 2030, lorsque s’achèvera le plan quinquennal initié par la Grande Cause Nationale 2025, la fonction publique française pourrait devenir une référence européenne en matière de santé mentale au travail. Cette ambition collective, portée par le FIPHFP et l’ensemble des acteurs publics, dessine les contours d’une administration plus humaine, plus résiliente et finalement plus performante dans sa mission de service public.